C’est comme une tradition au FIFO. Chaque année, tous les représentants des télévisions océaniennes se réunissent autour d’un colloque à la Maison de la Culture. Un rendez-vous professionnel de la filière qui met sur la table les problématiques, les enjeux mais aussi les initiatives de chacun et communes. Bilan du colloque de la 19e édition du FIFO avec Pascal Lechevallier, spécialiste des nouveaux médias.
Chaque année au FIFO, vous vous rassemblez autour de la table pour discuter. De quoi il a été question cette année ?
On a eu trois tables rondes consacrées à trois sujets très différents les uns des autres mais qui sont au cœur de la réflexion des médias et en particulier des chaînes de télévision. Le premier sujet concernait la désinformation, qui est devenue presque le sujet prioritaire de toutes les chaînes de TV qui traitent de l’information. Lors de la deuxième session, on a traité de la production le « glocal », c’est-à-dire tout ce que la production locale, chez les Anglosaxons comme en Polynésie française ou en Nouvelle-Calédonie, pouvait avoir comme impact et conséquences positives à travailler avec les plateformes, qui sont les principales innovatrices en terme de programmes. Et donc, comment les TV océaniennes pouvaient peser plus dans la balance pour avoir plus de représentativité sur les grandes plateformes (Netflix, Disney +, Amazon…). Enfin, la dernière séquence parlait d’innovation et de l’évolution des métiers de la télévision avec particulièrement la montée en puissance des podcasts. L’idée était donc de voir comment les chaînes intégraient le travail autour de l’audio dans des stratégies d’images. Ce qui est intéressant dans ce cas est la confrontation entre le monde Anglosaxon du Pacifique et le monde Francophone du Pacifique.
Qu’est-ce qu’il en est ressorti ?
L’intérêt de ces tables rondes est qu’on confronte les méthodes des uns et des autres pour voir justement les bonnes pratiques à utiliser, à mettre en place. On était dans un échange de témoignages. Sur les désinformation, chacun s’est exprimé sur les gardes fous mis au niveau des rédactions, sur le travail qui est fait également pour que des personnes soient en charge de la surveillance et modération des réseaux sociaux. C’était plus une séquence d’échanges qui peut inspirer telle ou telle chaîne en voyant ce que fait le voisin. Sur la deuxième session, la production « glocale », un sujet qu’on véhicule depuis déjà plusieurs années, on a toujours le vœu que cela aboutisse à quelque chose de concret entre les chaînes, en particulier à travers la création d’une plateforme. Car, finalement, quand on arrive pas à s’imposer aux autres, on doit s’organiser entre nous pour arriver à faire émerger quelque chose. On a pu voir ce qu’avaient mis en place les chaînes anglo-saxonnes à travers une plateforme, qui commencent à diffuser des contenus libres de droits et permettent d’ouvrir la porte à tout un public n’ayant pas accès à ces contenus. Si on n’est pas dans une région du monde, on ne sait pas donc il est important de pouvoir le partager, c’est d’ailleurs l’un des rôles du FIFO. L’idée est que les chaînes francophones arrivent à trouver de l’inspiration dans cette initiative soit en la rejoignant soit en essayant de monter une plateforme. J’espère qu’un jour on arrivera à une plateforme océanienne pouvant rassembler les petites îles et grands territoires anglo-saxons et les territoires francophones. Quant à la troisième session, c’était une session de travail qui nous a permis de voir quelles étaient les stratégies mises en place par les chaînes pour créer du podcast et du contenu. Cet échange a prouvé qu’on était presque plus en avance du côté francophone qu’anglo-saxon. L’idée est de créer aussi une émulation et de stimuler les équipes.
Quelle est la suite après ces journées de tables rondes ?
Une fois le festival terminé, c’est difficile de maintenir un fil régulier. Dans les discussions, on sent ce manque, on ne garde pas l’attache, c’est d’ailleurs l’un des enjeux du FIFO Pro : celui d’entretenir le lien entre ces différentes télévisions et cultures. Mais de l’autre côté, il y a aussi des hommes et des femmes qui retournent dans leur quotidien, donc ce n’est pas facile. Il faut, je pense, faire circuler l’information, mieux accompagner pour que ça aboutisse à des projets communs. C’est peut-être une des ambitions qu’il faudrait renforcer.
Article rédigé par Sulianne Favennec