Qu’est-ce qu’un podcast ? Comment le développer ? Comment produire des contenus ? Et comment le faire en Polynésie ? Benjamin Brillouet, créateur de Tahiti Podcast, et Pascal Lechevallier, spécialiste des nouveaux médias, ont animé une conférence autour de ce phénomène qui connaît un véritable succès depuis quelques années.

En conduisant, en dormant, en faisant son sport ou la vaisselle… C’est l’un des avantages du podcast. Il peut être consommé quand on veut, où on veut et à n’importe quel moment. Mais qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un moyen de diffusion de fichiers audio sur internet, grâce en partie à la technologie du flux RSS qui met à jour les contenus d’un site. Il existe deux types de podcast, le podcast rattrapage et le natif. Le premier est, par exemple, une émission radio que l’on a raté et que l’on souhaite réécouter, le second est exclusivement conçu et produit via cette modalité de consommation. Aujourd’hui, les consommateurs de podcast sont de plus en plus nombreux. En 2021, plus de 22 millions de personnes ont au moins écouté un podcast, selon une étude Havas. En quelques années, la pratique s’est étendue dans le monde jusqu’en Polynésie française. Benjamin Brillouet est le fondateur du label Tahiti Podcast, fondé en 2019. De ce label est né différents podcasts portant sur la culture, l’art ou encore des contes et légendes. « Avec la première émission Tahitien Talk on avoisine 10 000 écoutes. Avec le podcast Parau Tama, qui conte des légendes de la Polynésie, on est à 20 000 écoutes. Par ailleurs, ces productions originales ont permis de produire des affiliations avec des associations permettant de créer d’autres types de podcasts », explique Benjamin Brillouet, qui n’est pas le seul à avoir développé ce média sur le territoire puisqu’il existe déjà Pacific Ventury, dont l’activité principale est de proposer des accompagnements et des formations auprès des entreprises et des institutions. Si le confinement a beaucoup joué sur l’écoute du podcast, les Polynésiens semblent avoir pris une nouvelle habitude de consommation avec le podcast. Ce format est un moyen de véhiculer de la culture et de l’information mais il est aussi un vecteur pour faire rayonner la culture.

Un format à la portée de tous

« Mais comment mettre en place le processus créatif pour produire un podcast ? », interroge très justement Pascal Lechevallier, spécialiste des nouveaux médias, qui intervient par Zoom pour cette conférence. « Ma première démarche est d’abord la curiosité, de rencontrer des gens et de leur poser nos propres questions. Avec le podcast je peux appeler la personne et lui propose de parler et de partager cela avec les auditeurs ! », explique Benjamin Brillouet, qui travaille notamment avec sa compagne, Miriama Bono. Ensemble, ils ont dû investir sur du matériel technique pour proposer une qualité de production. Un investissement qui reste raisonnable et accessible : un bon enregistreur, des micros et un logiciel de montage suffisent pour produire. Ensuite, c’est surtout du temps dont il faut… « Monter peut prendre du temps, surtout au début. Que ce soit dans conversation ou un récit de légendes, j’essaye toujours de mettre en avant les propos de l’interlocuteur en coupant les hésitations pour que ce soit un plaisir pour l’auditeur. » Comment se rémunérer en faisant des podcasts ? Aujourd’hui Benjamin Brillouet s’appuie sur le modèle économique français, c’est-à-dire le sponsoring. Mais, c’est d’abord une histoire de passion et donc d’investissement personnel pour acquérir de la notoriété et de l’expérience. « Ensuite, on peut proposer nos services à ceux qui veulent se doter d’un podcast et là on se positionne donc comme prestataire. Cela peut être le cas par exemple pour des entreprises », détaille le créateur de Tahiti Podcast. Autre question importante : la question des droits. Comment acheter des droits et comment protéger ses propres droits dans un marché naissant ? Aujourd’hui, il reste difficile encore de s’organiser pour se protéger, le cadre juridique n’est, en effet, pas encore défini. « J’utilise de la musique qui est mise à disposition sur mon diffuseur, c’est une musique libre de droit mais il faut citer les artistes… On fait un peu d’entraide entre créateurs. Et puis, si je suis piraté, j’aurais tendance à croire que je serais plus écouté donc allez-y piratez moi ça fait plaisir ! », s’amuse Benjamin Brillouet, qui n’en a pas fini avec la création de podcasts. L’homme a de la suite dans les idées : faire des produits dérivés, prolonger des saisons de podcasts déjà existant, mais il faut aussi plus de podcasteurs pour en faciliter l’expansion. Alors n’attendez plus et lancez-vous dans l’aventure….

 

Article rédigé par Sulianne Favennec