Kathryn Graham est responsable du département de développement Māori à la New Zealand Film Commission, qui est financé par l’État. Son rôle est pluriel mais parmi ses tâches, elle créé des opportunités pour les Maori. Petit état des lieux de l’industrie audiovisuelle en Nouvelle-Zélande.
Comment se porte aujourd’hui l’industrie audiovisuelle en Nouvelle-Zélande ?
Les audiences sont très fragmentées pour la télévision. C’est le plus gros défi pour les diffuseurs locaux. Pour l’industrie du cinéma, il faut obtenir des financements internationaux parce que la commission ne le finance que partiellement. C’est un peu plus facile pour les documentaires parce que les budgets sont moins importants que pour la fiction, cela peut donc être financé par la commission ou d’autres organismes du même genre. Le problème aussi en matière de cinéma est qu’il faut trouver des histoires qui intéressent les Néozélandais mais aussi un public plus mondial afin de trouver des financements internationaux.
Comment trouver ces financements internationaux ?
Nous avons un service à la commission qui est chargé de faciliter les relations. On a des distributeurs locaux et l’expertise pour mettre en rapport les réalisateurs, les producteurs avec les financiers. Le problème est qu’il y a très peu d’agents qui savent présenter les histoires typiquement maori pour les vendre car ils n’ont pas l’habitude. Parfois aussi dans le contenu des films il y a des choses très complexes et ils n’ont pas forcément les clés pour comprendre le fond du film. Mais nous avons aujourd’hui notre premier distributeur indigène qui est basé en Nouvelle-Zélande. Il s’agit de Ahi Films, dirigé Chelsea Winstanley qui a été nominée aux Oscar pour Jojo Lapin. C’est elle qui a identifié cette lacune et a créé cette société pour y remédier mais elle se concentre surtout sur la distribution en Australe Asie. Le projet donc pour l’avenir serait de trouver un agent pour les ventes, qu’il comprenne bien les problématiques et soit disposé à distribuer un peu plus loin. Il faut trouver des agents de vente spécifique pour chaque territoire.
Quels sont justement vos objectifs au sein de la commission ?
Je travaille dans un service qui œuvre à aider les Maori d’accéder au financement, de développer les talents maori et puis de les aider. On essaie également de les aiguiller pour éventuellement atteindre des festivals et des scénaristes étrangers qui peuvent les aider à monter leur projet. Ce qui nous intéresse, ce sont les histoires culturelles et en langue maori. Mais, la commission du film en Nouvelle-Zélande est évidemment ouverte à tous, nous nous sommes juste un service. Nous sommes chargés du développement des talents dans trois domaines : l’écriture, la réalisation et la production. Nous nous concentrons sur les scénaristes et producteurs maori.
Est-ce que les Maori arrivent à trouver leur place dans l’industrie ?
Oui clairement ! Au mois de mars, ce sera ma troisième année. Sur ce laps de temps, on a eu un long métrage qu’on a financé, plusieurs films Disney qui ont été doublés en maori. Ça paraît un peu fou mais nos enfants adorent entendre la langue maori représentée dans ces grosses productions Disney. Le premier était Vaiana, puis Le Roi Lion, Coco et Encanto. On est chargé de développer tous ces talents, il y a de plus en plus de maori du côté créatif de la production et notamment pour la langue. Quand ils font le doublage d’un Disney, ce n’est pas juste une traduction mais vraiment une réinterprétation avec le mode de pensée maori. On a également financé des documentaires sur des histoires maori, la culture et la langue maori. On a un autre long métrage principalement en langue maori qui va se faire cette année. On facilite aussi des formations avec des programmes de mentorat. Quand il a des projets qui nous sont soumis, on peut aussi donner des conseils pour ce qui concerne la culture maori.
Suliane Favennec – FIFO