Tous les officiels étaient réunis sous le grand chapiteau ce mardi matin pour l’inauguration officielle de la 17e édition du FIFO. Pour Estelle Berruyer, représentante du Haut-commissariat, le festival est « une aventure à partager », pour Heremoana Maamaatuaiahutapu, les films diffusés ici sont aussi des « lanceurs d’alerte ».

La 17e édition du festival international du documentaire océanien a officiellement ouvert ses portes ce mardi matin. De nombreuses personnalités étaient réunies à la Maison de la culture pour cette inauguration, qui a traditionnellement commencé par le chant d’accueil du FIFO entonné par tous les employés de la Maison de la culture. Éric Barbier, réalisateur et président du jury, a ensuite pris la parole, répétant son plaisir d’être ici, une région qu’il ne connait pas et qu’il a hâte de découvrir à travers les films sélectionnés du FIFO et les discussions qu’il aura avec les membres du jury. Son dernier film a été projeté en avant-première lundi soir au cinéma Le Liberty. Un « début remarquable » pour le festival, a souligné Miriama Bono, la présidente de l’AFIFO car « Petit pays » a laissé les spectateurs silencieux, sous le choc des images et des émotions. Justement des émotions, le FIFO souhaite en procurer à son public. « Chaque édition est un nouveau challenge. Il faut continuer à surprendre le public », a expliqué Miriama Bono, remerciant les sponsors et la Maison de la culture qui permettent à la manifestation de vivre et de durer. Le FIFO a même commencé à essaimer avec la première édition de la FIFAC qui s’est déroulé en Guyane en octobre dernier et un prochain festival à La Réunion, le FIFOI, qui doit être organisé cette année. Wallès Kotra avait notamment écrit que ces initiatives étaient peut-être fragiles mais elles sont « un cri pour dire que la mondialisation ne peut broyer et faire disparaître les peuples et les cultures ».

Luc de Saint-Sernin, directeur éditorial chez France Télévisions, chargé du développement international, a noté cette envie des Outre-mer de rayonner à travers le monde. « Le FIFO, la FIFAC, le FIFOI, entrent dans une stratégie de valorisation des Outre-mer. Les chaines de France Télévisions continuent à travailler la proximité. Nous voulons plus d’outre-mer dans les journaux, dans nos fictions et nos documentaires, pour cultiver votre propre point de vue sur nos antennes. France Télévisions va devenir un pôle mondial sur lequel le soleil ne se couche jamais. » Pour Estelle Berruyer, chargée de mission aux affaires culturelles auprès du secrétaire général du Haut-Commissariat, l’État reste aux côtés du festival, promesse « d’aventures », « de réflexions », « de remises en question » et « d’émotions ». « Le FIFO met à l’honneur les peuples de l’Océanie, leurs préoccupations, leurs espoirs… Ces histoires engagées nous émeuvent et attirent l’attention sur la diversité des cultures et des arts. Le festival a une influence culturelle mais aussi économique en valorisant les acteurs de l’audiovisuel. » Elle a également souligné l’importance de l’éducation à l’image avec l’accueil de nombreux scolaires. « La culture joue un rôle majeur dans le développement d’une société. »

Le ministre de la Culture et de l’Environnement, Heremoana Maamaatuiahutapu, également l’un des pères du FIFO, a souligné l’importance du festival dont les films ont été « des lanceurs d’alerte ». Déjà à la première édition, la question du genre était posée, puis sont venues celles du nucléaire, des conditions de vie des Aborigènes, de la surexploitation de la forêt, de la montée des eaux… « Merci aux producteurs, aux réalisateurs, aux professionnels qui nous permettent de voir de nouveaux mondes, de nouvelles vies, des combats. Le FIFO est un lieu de rendez-vous où les questions sont posées avant même que la communauté internationale ne les aborde. » En reprenant cette phrase de la réalisatrice Agnès Varda : « Je ne veux pas montrer mais donner envie de voir », Heremoana Maamaatuiahutapu insiste sur les objectifs du festival : donner envie de voir, de comprendre, de partager. « Cette manifestation est devenue le deuxième événement culturel de l’année après le Heiva i Tahiti, avec ses 30 000 entrées en 2019. Le FIFO est un atoll de rémission dans la mondialisation intraitable, une route de navigation d’un nouveau genre sur notre océan d’îles. »

Lucie Rabréaud / FIFO 2020