En sélection officielle de ce 20e FIFO, Ablaze est le portrait intime d’un Aborigène, celui de Bill Onus, un leader culturel mais aussi un comédien et un activiste. À travers ce film, Alec Morgan, le réalisateur, raconte l’histoire d’une grande personnalité à travers la quête de son petit-fils Tiriki. Un film où l’on découvre des images inédites et une vie de combat.
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C’est un peu comme une enquête de police. Tout commence par la découverte dans les archives nationales de vieux films des années 40. Sur certaines de ces images sans son, un homme en particulier apparaît régulièrement. On le voit jouer au boomerang ou dans les coulisses d’un théâtre où se joue une pièce avec des comédiens aborigènes… Mais, qui est-il ? Que faisait-il ? Aux archives nationales, un spécialiste de l’histoire aborigène reconnaît le personnage : il s’agit de Bill Onus. Le réalisateur Alec Morgan et le producteur Tom Zubrycki s’intéressent à ces films et décident de contacter le petit-fils de Bill, Tiriki. « Il savait que son grand-père avait fait des films en super 8, la plupart ont été brûlés et ont donc disparu, mais il ne savait pas que Bill avait filmé aussi en 35 millimètres. Quand Tiriki voit les films, il était émerveillé, fasciné et surpris par ce qu’il a vu. Il a voulu en savoir plus. », explique Tom Zubrycki, producteur de Ablaze. Alec Morgan, réalisateur du film, et Tiriki partent donc à la pêche aux informations et découvrent un homme charismatique qui écrit et réalise des pièces de théâtre aux messages forts. Son parti pris : dénoncer la situation de son peuple et faire valoir la culture aborigène. Lui-même a d’ailleurs été un champion de boomerang. « Il a fait ça pour communiquer au public australien l’importance de la culture. C’était son acte politique. On peut dire qu’il était le première cinéaste indigène. Bill était un héros, il a dû faire face à beaucoup de difficultés pour faire passer son message au peuple aborigène, il était même considéré comme un homme dangereux par les autorités ».
Montrer et transmettre
Au fil du temps, il est devenu évident qu’il fallait porter l’histoire de cet homme sur écran. Alec Morgan filme donc le petit-fils de Bill dans sa quête. Cinq années à le suivre. Cinq années à chercher pour découvrir toute l’importance du message de cet homme, toute l’importance de ce qu’il laissait derrière lui. « Son héritage est très essentiel. Ça d’ailleurs été la raison principale pour faire ce documentaire. On a peu de données de ces années-là donc c’est précieux. Le rôle de Bill a été vraiment de montrer à quel point son peuple était démunis de ses droits. C’était un challenge énorme. Son rôle ne doit pas être oublié ! », estime le producteur qui a mis un point d’honneur à faire tourner le documentaire sur les chaînes de télévisions australiennes, les communautés aborigènes et non aborigènes et bien sûr les établissements scolaires. « Ce film permet de donner l’information. Pour Tiriki et sa famille, il était important de montrer la vérité et de la transmettre. Le documentaire a une place importante dans l’éducation et pour les générations d’aujourd’hui et de demain ». Acheté par ABC et disponible à la demande depuis huit mois, Ablaze rencontre un vif succès et, après le FIFO, continue sa route vers d’autres contrées.
Suliane Favennec – FIFO