Un petit-déjeuner professionnel était organisé ce mercredi matin au Fifo concernant la place du documentaire sur le marché audiovisuel français. Amanda Borghino, directrice adjointe de l’audiovisuel au CNC et Catherine Alvaresse, directrice des documentaires de France Télévisions ont fait un état des lieux d’un marché en « bonne santé ».

Le documentaire est en « bonne santé » assure Catherine Alvaresse, la directrice des documentaires de France Télévisions. Un constat confirmé par Amanda Borghino, directrice adjointe de l’audiovisuel au Centre national du cinéma et de l’image animée, qui a présenté plusieurs chiffres datant de 2021 (dans l’attente des chiffres 2022 disponible au premier semestre 2023).

Elle constate une reprise progressive du volume de documentaires en 2021, toujours impactés par la crise sanitaire : +7% vs. 2020. Par ailleurs, le montant des devis (368,2 M€) restait en ligne avec le niveau de 2019 (+1,5 %). La production était plus ambitieuse avec un coût horaire qui se maintenait à son plus haut niveau depuis 1994, en hausse de 31% sur 10 ans. 3 genres avaient un coût horaire plus élevé : Scientifique : 295 K€ (vs. 190 K€ en 2012), Animalier : 286 K€ (vs. 138 K€ en 2012), Historique : 279 K€ (vs. 258 K€)

Le documentaire restait alors le 1er genre aidé par le CNC : 41,1% des heures aidées par le CNC et l’apport horaire du CNC restait en hausse de 2014 à 2020.

Si l’apport des diffuseurs est en recul, il a été compensé par les producteurs et les
apports étrangers. France TV reste le premier diffuseur (85 millions d’euros en 2021,
soit 10 milliards de Fcfp) et Arte, le deuxième (38,5 millions d’euros en 2021, soit 4,6 milliards de FCfp) et le seul groupe dont les investissements pour les documentaires ont augmenté.

Le CNC a accompagné 552 producteurs de programmes documentaires en 2021, soit le plus haut niveau depuis 2014. « C’est un secteur très dynamique », affirme Amanda Borghino. Il faut noter aussi le « succès à l’export » : « Le documentaire est le genre qui a eu la meilleure croissance à l’export. » Le CNC enregistre 46 millions d’euros (5,5 milliards de Fcfp) de ventes à l’exportation, une augmentation de 64% en dix ans : « Le savoir-faire français est reconnu notamment sur des thèmes comme l’histoire, la découverte, les sciences et l’investigation. » Enfin, depuis 2014, les aides ont été recentrées sur le documentaire de création dont une définition vient d’être inscrite dans le règlement général des aides : « Un documentaire de création est une œuvre qui vise à faire connaitre et comprendre une réalité préexistante par un traitement approfondi témoignant d’un point de vue singulier d’auteur et d’une intention particulière de réalisation. »

Concernant le soutien financier à la production de documentaires, le CNC propose deux dispositifs d’aide : un soutien automatique et un soutien sélectif. Le soutien automatique donne accès à un compte qui doit être consommé dans les trois ans mais il faut générer 80 000 euros pour y avoir accès, un seuil difficilement atteignable par les producteurs locaux. L’aide sélective est ponctuel et sur dossier : « Le CNC soutient une grande diversité de projets et notamment des œuvres fragiles. Cette diversité permet de renouveler la création documentaire. » Amanda Borghino a également indiqué que des réflexions étaient en cours pour modifier la courbe de soutien en documentaire, actuellement assise sur les apports des diffuseurs et non les dépenses en France.

Le soutien s’est également ouvert aux œuvres qui sont préfinancées par des
plateformes ou des chaînes étrangères : une nouveauté.

Le CNC veut également contribuer à faire de la filière audiovisuelle une filière exemplaire et désormais les dossiers de demandes d’aide doivent comprendre à
la fois un bilan prévisionnel, puis un bilan définitif de l’empreinte carbone de l’œuvre concernée.  : « le CNC ne contrôle pas le niveau de l’empreinte carbone mais la présence des bilans. Il s’agit d’observer également quelles sont les spécificités des productions sur les différents territoires. Vous devez vous déplacer et on sait que c’est coûteux en carbone, on en a conscience. » Interpellé sur la difficulté à monter des dossiers de financement, le CNC a assuré rester à la disposition des professionnels. « C’est notre rôle en tant qu’agents du service public d’être à votre service », a assuré Amanda Borghino.

Du côté de France Télévisions, premier diffuseur en termes d’investissements et de commandes, « nous avons toujours fait en sorte que notre investissement permette de déclencher le CNC pour les producteurs », précise Catherine Alvaresse, directrice des documentaires de France Télévisions. Mais leur première préoccupation reste de trouver des documentaires pour leur public : « Offrir toutes les écritures possibles à tous les publics. » France Télévisions souhaite aussi rester ouvert et ne s’impose pas de définition comme le CNC sur le documentaire de création. « Nous souhaitons promouvoir la diversité des regards. »

Lucie Rabréaud – FIFO