« Le FIFO : une brique qui vient consolider le mur de la connaissance et déconstruire des visions erronées »
Ils étaient sept. Luz Copie, Timeri Lo, Enoha Manarani, Teariki Tekori, Amtsi Temanu, Joseph Tetoe et Tamaterai Trompette composaient le jury jeunesse mis en place cette année, pour fêter leurs 20 ans et ceux du FIFO.

C’est lors d’une rencontre sur le paepae a Hiro que le public a pu rencontrer et parler au jury jeunesse, mis en place tout spécialement pour les 20 ans du FIFO. Ces sept jeunes personnes ont également 20 ans cette année. Ils n’ont pas connu de Polynésie française sans FIFO ! Cinq étudiants dont trois en licence langues, littératures et civilisations étrangères régionales, une en BTS gestion des transports et logistique associée et un en double licence histoire et géographie aménagement, un passionné d’audiovisuel, de mode et de culture polynésienne, et enfin un réalisateur déjà inséré dans la vie active (Wow Sense) ont été accompagné par Mylène Raveino toute la semaine. Des parcours différents, une sensibilité et des objectifs bien à eux mais tous ont été durablement touchés par leur expérience de jury au FIFO. « Quand on assiste au FIFO en tant que scolaire, on est émerveillé par les films mais on n’a pas ce regard critique. » En tant que membre du jury, tout change ! Il faut regarder chaque détail, s’attarder sur le montage, la qualité cinématographique, la façon dont est porté le message. « Il y a eu des hésitations… Motu Haka était le premier film qu’on a vu, on s’est dit c’est le gagnant ! Et puis Dame Valérie Adams: more than gold était le dernier et c’était la grosse claque. On avait des frissons en sortant. Le choix n’a pas été facile mais finalement c’était une évidence car Valérie Adams est une source d’inspiration, un exemple à suivre pour nous, les jeunes. Ça nous motive à avoir un regard plus positif sur les futurs obstacles que l’on rencontrera dans nos vies. » Deux d’entre eux ont même envie de reprendre le sport, ont-ils raconté en rigolant. Briar March, la réalisatrice, a reçu le prix du jury jeunesse vendredi soir lors de la cérémonie de clôture, visiblement bouleversée de voir ces jeunes touchés par l’héroïne de son film.
Avant d’être à cette place très spéciale de membre du jury, tous ont eu une expérience du FIFO. Certains se souviennent des visites du festival avec l’école et du film qui les a particulièrement touchés. D’autres avouent leur désintérêt pour le FIFO alors qu’ils y venaient avec leur classe et comment un film les a fait changer d’avis. Un choc pour Teariki qui a pris conscience de la valeur culturelle de la Polynésie française en voyant un film sur le ‘ori Tahiti et un autre sur le reo. Tematerai reconnait également qu’il ne voyait pas l’intérêt du FIFO et qu’il regrette désormais ces années perdues. « Pour ma part, c’est la première fois que je participe au festival, avoue Timeri Lo. J’ai vu le film Patutiki l’année dernière et j’ai compris que j’avais sans doute raté beaucoup de choses. Je croyais que c’était des documentaires qu’on pouvait voir à la télé mais ce n’est pas que ça. J’ai posé ma candidature pour faire partie du jury pour rattraper tout ce temps perdu. » Pour ces sept jeunes, le FIFO a beaucoup de sens : « casser les stéréotypes » pour Enoha qui avoue ses anciens préjugés négatifs sur la Nouvelle-Calédonie et qui, depuis le FIFO, a complètement changé d’avis ; « réunir les peuples de l’Océanie » et constater les ressemblances ; pour Amtsi « chaque festival est une brique qui vient consolider le mur de la connaissance et déconstruire des visions erronées ». C’est aussi « tisser des liens », « approfondir nos connaissances », « prendre conscience d’être un membre de la famille océanienne »… Timeri Lo a même revu son avenir, espérant prendre le temps pour voyager dans l’Océanie avant de terminer ses études. Bref, ils sont tellement bien, là, sur le festival qu’ils ont un peu de mal à quitter cette édition dans laquelle ils étaient pleinement investis et réclament déjà qu’un jury des 40 ans soit mis en place, avec eux bien sûr ! La déléguée générale du FIFO, Mareva Leu, présente à cette rencontre, a rigolé et leur a dit la fierté des organisateurs de les avoir eus à leurs côtés.
Lucie Rabréaud – FIFO