Marie Hélène Villierme est réalisatrice, productrice et photographe. Elle est surtout la présidente du jury de ce 20e FIFO. Un rôle qu’elle a accepté au pied levé après l’absence d’Alain Mabanckou pour des raisons médicales. Cet artiste complète a bien l’intention de donner du sens à son rôle de présidente. Interview.
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Comment abordes-tu ce rôle ?
J’ai été nommée présidente quatre jours avant le départ du FIFO, je m’étais plutôt préparée comme membre du jury. Je m’étais donc déjà mis dans ce rôle de devoir délibérer. Quelle est la différence entre membre et présidente ? En tant que membre ce qui est important est d’avoir un regard bienveillant sur les films en sachant que c’est un investissement énorme au niveau des équipes de réalisation mais aussi des gens qui donnent de leur temps, de leur savoir et de leur courage. Cette conscience-là est déjà importante. Aujourd’hui, en tant que présidente, je mène les débats, on apporte beaucoup d’attention à dire ce qui nous plaît même quand ça ne va pas. Ensuite, dès le départ, j’ai voulu proposer un règlement ou des critères. Je le fais d’une manière très océanienne, je crois. J’ai demandé à chacun de dire ce qu’il attendait et comment il voyait son rôle. Du coup, cela a ouvert un espace de discussion très en confiance. Nos débats sont vraiment très riches. Ce qui est très agréable est que tous les membres de ce jury ont été lauréats et sont des réalisateurs. On connaît donc les impératifs et les difficultés mais aussi ce qu’on attend d’un film et d’un documentaire. Ce qui est important pour moi en tant que présidente c’est qu’il ne faut pas que ce soit un film qui décrive l’Océanie mais qui soit Océanien dans la narration, dans la structure, dans la pensée océanienne.
Tu es Océanienne, Polynésienne et réalisatrice, tu as gagné des prix au FIFO. Est-ce que c’est important en tant que présidente du jury ?
Ce qui est le plus important, je pense, est d’avoir vécu 19 FIFO sur 20. Et donc de porter un peu cette mémoire pour dire qu’en telle année il y a eu ça ou ça. C’est donc plutôt en ce sens car on est tous réalisateurs. On est tous au même niveau.
Cette année, le FIFO fête ses 20 ans, est ce que cette édition a une connotation particulière ?
20 ans, c’est une génération et ça serait peut être un bilan. Je dirai qu’au bout de 20 ans on a vu beaucoup de thématiques qui se sont répétées, qui ont été traitées dans tous les sens. Aujourd’hui, on a vu quelques films d’où émerge quelque chose de nouveau. Je pense que ce sont des choses qui peuvent émerger après 20 ans et pas tout de suite. Les histoires du colonialisme, du racisme, des injustices, de l’évangélisation, de l’éradication d’une culture ou d’une civilisation, sont des thèmes qui reviennent mais après avoir raconté ces histoires depuis tant d’années, cela nous permet de passer à une autre étape et de trouver un autre positionnement. On est plus dans la description aujourd’hui, on a grandi.
Suliane Favennec – FIFO