Les professionnels ont présenté ce vendredi matin la première Fédération polynésienne de l’audiovisuel et du cinéma. L’occasion de donner quelques chiffres, enjeux et perspectives grâce au Livre blanc de la filière qui fait un état des lieux et permet de mieux réaliser la portée économique du secteur pour le territoire.

Le secteur audiovisuel a de beaux jours devant lui en Polynésie française. Un Livre blanc de la filière, commandé par les professionnels du secteur, et présenté ce vendredi matin au FIFO, a permis au grand public de réaliser la portée économique du secteur, ses enjeux et ses perspectives. Les chiffres montrent que le secteur tourne et rapporte : ses retombées économiques sont évaluées à 1,2 milliard de francs par an. Mis aux côtés des principales filières exportatrices du Pays, le secteur audiovisuel se place en troisième position, après les perles et la pêche et avant la vanille et le monoi. Pas mal pour une économie que certains pensaient encore balbutiante. Les experts indépendants qui ont réalisé cette étude montre aussi son fort développement : de trois sociétés de production et une quinzaine de personnes en 2003, le secteur compte aujourd’hui 25 sociétés de production et 200 professionnels à temps plein. Le FIFO, dont la première édition remonte à 2004, y est évidemment pour quelque chose dans cette expansion, permettant de réunir les professionnels, d’impulser des réflexions sur les métiers et aussi de diffuser les films. C’est « l’événement phare de cette filière », analyse Jean-Baptiste Dupont, co-auteur du Livre blanc.

Cette étude développe également la répartition des retombées économiques sur deux principales activités : les productions locales et l’accueil de tournage extérieur. Ainsi, il faut compter environ 500 millions réalisés par les productions locales avec les dépenses pour les techniciens, le tournage et 680 millions avec les productions extérieurs, comptant notamment le transport, l’hébergement, la restauration. Les financements pour le premier proviennent de l’achat de contenu par les deux chaînes de télévision locale, Tahiti Tourisme, les ministères, les annonceurs, les coproducteurs, les subventions accordées par le SCA (soutien à la création audiovisuelle) et le CNC (centre national du cinéma et de l’image animée). Pour le deuxième, les sociétés s’appuient sur les producteurs extérieurs qui ont leurs propres financements et des subventions ponctuelles du Pays et de Tahiti Tourisme. Ces deux activités « s’entretiennent » et se complètent. La production locale permet d’attirer la production extérieure et celle-ci force les professionnels polynésiens à renforcer leurs compétences. Ces deux principales activités ont des retombées économiques directes mais également indirectes car elles mettent en valeur le territoire, sa culture, son histoire, son patrimoine. Des retombées qu’il est difficile de quantifier en termes d’argent.

Concernant le développement de la filière et son potentiel, beaucoup reste à faire. Il s’agit d’aller chercher les plateformes de streaming et d’essayer d’y placer du contenu. « Le potentiel de la filière ne peut pas reposer sur les diffuseurs télé. Il faut maintenir la diffusion TV et augmenter la diffusion hors TV. » Mais si les compétences existent, qu’un fonds public soutien la création et que deux chaînes maintiennent leurs engagements, le bassin d’audience reste réduit, l’accès à la distribution et à la diffusion hors territoire est restreint, les œuvres locales n’ont pas de seconde vie et manquent de visibilité. Il est également noté que l’accueil de productions extérieures présente un réel potentiel au vu des demandes de contact de la part de producteurs en 2021. Nos voisins du Pacifique l’ont bien compris et ils proposent déjà des mesures incitatives pour inviter les productions à tourner chez eux. Selon les auteurs du Livre blanc, c’est environ 20 à 30% de crédits d’impôts qui est proposé. En Polynésie française, aucun mécanisme incitatif n’est encore à mis en œuvre. C’est un des objectifs de la Fédération : essayer de solliciter le gouvernement pour mettre en place une telle mesure. Plusieurs axes de développement ont été définis : créer les conditions pour développer les productions et coproductions locales, augmenter le nombre de productions extérieures sur le fenua et structurer et professionnaliser la filière. Denis Pinson, d’Archipel Prod et vice-président de la FPAC et Claire Schwob, présidente de la FPAC, ont listé les cinq premiers objectifs : se fédérer et donner une vraie dynamique à ce rassemblement, former et accompagner, créer un bureau d’accueil des tournages (un « film office »), créer une incitation fiscale pour les tournages à fort impact et créer des liens avec l’Océanie.

 

Article rédigé par Lucie Rabreaud