« C’était très excitant et exaltant »

Vingt jeunes, des Australiens étudiants à la Griffith Film School, et des Polynésiens, ont participé au Bootcamp proposé par l’université de Brisbane et le FIFO. Ils avaient une petite semaine pour présenter des documentaires de cinq minutes. Une grande réussite !

Faramarz Keshawarz-Rahber, maître de conférence à la Griffith Film School de Brisbane et producteur, animait le Bootcamp proposé sur le FIFO. Ils étaient vingt à y participer pour moitié venue d’Australie et le reste des Polynésien(ne)s souhaitant progresser dans la réalisation de films documentaires. Ils ont présenté leurs films ce dimanche : Belle Phaeton sur deux femmes transgenre, Ta’ata ‘Ōrero sur les légendes polynésiennes, Tevaitere qui est le portrait d’un homme et Te Mana sur le mana. Quatre magnifiques court-métrage documentaires fabriqués en une semaine. Un vrai challenge pour une durée si courte. D’ailleurs beaucoup avoue ne pas avoir beaucoup dormi et être très fatigués mais absolument ravis de l’expérience. Les idées sont venues différemment d’un groupe à l’autre, pour Tevaitere, le héros est l’oncle de l’une des participantes : « C’était simple en termes de logistique mais un défi en termes de réalisation car il s’agissait de montrer une histoire personnelle. » L’homme s’est confié avec le sourire et en toute authenticité. Pour Belle Phaeton c’est une rencontre qui avait marqué une personne du groupe qui les a dirigés vers ces femmes transgenres qui racontent en quelques minutes leur coming-out et leurs difficultés. Ils ont donc pitché lundi et sont partis tourner dès le lendemain. « Avec le temps qu’ils avaient et leurs conditions de travail, c’est vraiment excellent, félicite leur professeur Faramarz Keshamarz-Rahber. Je suis impressionné que la mayonnaise ait si bien pris entre les Australiens et les Tahitiens ! Ils étaient très engagés, avaient soif d’apprendre, je m’inquiétais même de tout le temps qu’ils y passaient ! C’était très excitant et exaltant. »

Certains ont avoué leurs difficultés à ne pas parler français pour les uns et à réussir à parler anglais toute la semaine pour les autres. Mais ils ont été capables de dépasser ce problème et pour certains l’expérience de combiner deux cultures a été extraordinaire. Concernant la contrainte du temps : 6 jours pour réaliser un documentaire de 5 minutes, « on a perdu la partie recherche et documentation mais on a appris à travailler dans le moment, partir avec peu de connaissances et s’imprégner de tout ce qui se passe, être flexible et adaptable ». Les Australiens, qui étudient à la Griffith Film School, ont dit leur admiration des Polynésiens qui apprennent la réalisation par eux-mêmes, avec YouTube. « C’est la passion de chacun qui a permis la réussite. Tout le monde était là, jusqu’à la fin. » D’ailleurs l’entente était tellement parfaite que Faramarz Keshamarz-Rahber a expliqué qu’il n’arrivait plus à distinguer les Australiens des Tahitiens. « Ils étaient mélangés et sont parvenus à créer une harmonie. » Leur professeur s’est d’ailleurs dit heureux de cette expérience : « On réalise l’importance de ce type d’activité en Océanie. Même si c’est très court, on peut voir l’impact sur le public et sur les participants. Cette génération est très pointue et efficace. Ils sont déjà prêts, il suffisait d’allumer le feu ! »


« Il faut rester passionné »

Toarii Pouira, réalisateur

Pourquoi vous étiez-vous inscrit au Bootcamp de la Griffith Film School ?

Je voulais voir comment fonctionne une école de cinéma car il n’en existe pas ici et j’ai toujours voulu étudier dans une école de cinéma. Je voulais aussi tisser des liens et discuter avec le réalisateur-producteur pour savoir comment l’industrie du cinéma et du documentaire fonctionne en Australie. C’est très intéressant car il y a des similarités avec la Polynésie française sur la façon de produire un film, il faut bien choisir son sujet, au bon moment, pour le bon public. Il faut être dans l’air du temps. Il faut avoir beaucoup de contacts, c’est un métier où les relations sont importantes. Il faut rester passionné !

Comment était ce challenge : réaliser un documentaire en quelques jours ?

Nous étions divisés en quatre équipes et chacune devait avoir une idée de documentaire, la pitcher, préparer le planning de production, contacter les gens qu’on souhaite voir intervenir, leur expliquer que non, on ne peut pas tourner la semaine prochaine (rires). C’était très intéressant comme concept, ça nous a même donné envie à mes copains et moi de « Iaorana Motion » de faire une émission TV un peu comme Pékin Express, sur la réalisation d’un documentaire en une semaine.

Comment ça s’est passé pour votre équipe ?

On voulait tester l’universalité du Mana en interviewant tout le monde sur le marché de Papeete et ensuite nous avons un tatoueur qui a fait un ‘ōrero sur le Mana. On est fier d’avoir présenté notre film. Ce Bootcamp était vraiment une super expérience. Quand j’ai candidaté le Fifo m’avait demandé si j’étais sûr de vouloir participer à cette semaine car je travaille déjà comme réalisateur depuis huit ans mais j’ai dit oui car on en apprend tous les jours et effectivement, j’ai beaucoup appris ! C’est comme ça, le monde évolue, le cinéma et les technologies aussi… Dans notre film, nous avons même fait des plans avec nos smartphones ! Ça a été une semaine intense où on n’a pas beaucoup dormi !

Lucie Rabréaud – FIFO