FIFO 2025. Toa Fraser est membre du jury de la 22e édition du festival. Cette semaine, il a pu partager son parcours avec le public lors d’une masterclass sur le théâtre, le cinéma, la télévision et les plateformes. Toa Fraser est reconnu internationalement. Il a été récemment primée aux Emmy awards pour Sweet Tooth sur Netflix.
Touchant, émouvant. Toa Fraser est une personnalité hors du commun. Dégageant une aura bienveillante et sereine, le réalisateur de la série Daredevil est un battant. Diagnostiqué de la maladie de Parkinson il y a bientôt neuf ans, celui qui a gardé le secret durant cinq ans, garde la tête haute. « J’avais tellement peur que je n’ai rien dit à personne. Je ne savais pas comment j’allais pouvoir travailler avec cette maladie, ni comment les gens allaient le percevoir », raconte-t-il avec le sourire. Il poursuit : « Aujourd’hui, j’ai pris la décision d’en parler librement parce que c’est important pour moi. Cela m’aide, mais je pense que cela peut aussi aider d’autres personnes souffrant de la même incapacité. C’est une manière de bousculer les mentalités et cela permet une ouverture d’esprit. C’est l’occasion de dire qu’il est tout à fait possible de continuer à travailler dans nos conditions et avec cette maladie. C’est très important ».
Son être porte les stigmates de sa pathologie, mais Toa Fraser ne se laisse pas miner. Il a été récemment été producteur et réalisateur de la série primée aux Emmy awards Sweet Tooth sur Netflix. Toutefois, ce qui fait l’essence du cinéaste, ce sont les histoires du Pacifique.
« J’ai grandi en Nouvelle-Zélande, je suis passionné par les histoires du Pacifique et j’aime raconter les histoires du Pacifique. J’ai fait un film sur la culture et la langue māori mais de manière générale, ce qui me tient à cœur c’est de mettre en lumière les identités et les langues de la région. Pour moi, les liens sont très importants ».
Autre cause qu’il mène : les minorités. « Il faut défendre les opprimés, les défavorisés et les minorités », insiste-t-il.
« Nous avons une voix unique dans le Pacifique »
Polyvalent et résilient, son parcours professionnel et personnel fait de Toa Fraser, un membre du jury d’exception pour le FIFO. « Aujourd’hui, je suis fier d’être membre du jury du FIFO et de la famille du Festival. Je crois que c’est la première fois que je suis membre d’un jury et être jury au FIFO est un honneur. C’est un exercice que j’aime beaucoup. C’est un grand plaisir pour moi d’être ici en Polynésie française.
J’adore vraiment ce festival pour plusieurs raisons. J’aime l’hospitalité des personnes, la diversité des gens, la diversité des films, des sujets… et puis j’aime aussi la nourriture à Tahiti », explique Toa Fraser.
D’une grande sensibilité, Toa Fraser est heureux de participer au festival car il offre une porte ouverte sur l’Océanie. « Ce qui fait le caractère particulier de l’Océanie, du Pacifique et de ce festival par rapport aux autres festivals qui existent ailleurs, c’est que nous avons une voix unique dans le Pacifique et nous avons une manière unique de raconter nos histoires », estime le dramaturge.
Il souligne : « Je pense que nous avons beaucoup à apporter aux autres cultures et surtout apporter une manière différente que les autres régions de raconter nos histoires.
Pour moi, les documentaires de l’Océanie sont le meilleur canal pour véhiculer nos messages et surtout c’est un devoir de transmission pour les nouvelles générations. C’est notre travail car nous sommes à une époque fragile dans notre histoire et c’est très important de continuer à faire des documentaires. À l’ère des nouvelles technologies et des modes de consommations, il est facile pour la nouvelle génération de faire des Tik Tok sur des formats très courts, c’est bien, mais je pense que nous devons préserver les documentaires comme un héritage pour eux ».
Pointilleux, il prête une attention particulière aux œuvres présentées cette année. Il ne laisse rien au hasard et analyse minutieusement chaque long-métrage. « Ce que je recherche dans un bon film c’est de l’émotion, le contexte du film, l’histoire, celle qui invite le public à voir le monde comme il ne l’avait jamais vu auparavant et qui apporte une meilleure vision du monde. C’est le message aussi qui se trouve dans le documentaire qui m’intéresse. Pour moi, ce qui caractérise un bon film, c’est le sujet, les personnages, un film avec un certain goût artistique visuellement. Il faut qu’il ait du style mais aussi un bon son et une musique de qualité. Si tous les ingrédients sont réunis, alors cela fera un bon film », décrypte l’expert.
Les votes du public décomptés et le jury ayant délibéré pour départager les films en compétition, Toa Fraser espère que le palmarès 2025 est à la hauteur des attentes de tous.
Jenny Hunter