Alors que les soirées spéciales avec le Off démarrent, les autorités annoncent la rupture du
câble Honotua et donc de prochaines difficultés pour les connexions Internet. Puis ce sont
les alertes météo qui vont forcer l’annulation d’une partie de la programmation. Mais « The
show must go on », comme l’a répété la déléguée générale du FIFO Laura Théron. Malgré les
difficultés, le FIFO s’est tenu, plusieurs documentaires ont été primés et les rencontres des
professionnels ont permis l’émergence de nouvelles idées.
« The show must go on » a été le mantra des équipes du FIFO et de la Maison de la culture
pendant cette semaine compliquée du festival. Rupture du câble Internet Honotua, alertes
météo… Des événements qui ont forcés à l’annulation d’une partie de la programmation et
surtout à réadapter cette programmation. « On nous dit attention il y a un cyclone mais
depuis combien de temps il y a des cyclones sur nos îles ? Et on est toujours là. On travaille
dans les turbulences, les professionnels se sont rencontrés, le jury a fait son travail et le FIFO
s’est terminé par la première journée des assises de l’audiovisuel. C’est l’objectif : aider les
professionnels à raconter nos histoires et les répandre dans les réseaux. Ce cyclone n’a rien
empêché. Ça restera un grand FIFO », résumait Wallès Kotra, cofondateur du FIFO lors de la
cérémonie de remise des prix. La ministre de la Fonction publique, de l’Emploi et du Travail,
Vanina Crolas, a également dit la fierté du gouvernement face aux capacités d’adaptation de
l’équipe du FIFO : « Une prouesse d’avoir adapté le festival d’heure en heure et d’avoir
gardé le cap malgré les vents contraires », remerciant les organisateurs de « faire résonner
les voix de l’Océanie avec force et authenticité ». Le représentant du Haut-commissaire a dit
son admiration de retrouver ce « bonheur communicatif » malgré la « profonde déception »
que les annulations pouvaient représenter. Briar Grace-Smith, présidente du jury de cette
21e édition du FIFO, a répété sa reconnaissance d’avoir occupé cette place : « C’est une
semaine que je n’oublierai pas, passée avec des gens que je n’oublierai pas », confiant son
appréciation des discussions, des rires, de la nourriture partagée.
Plusieurs prix ont été remis lors de cette soirée avec notamment le Grand prix du FIFO-France Télévisions remis
à Stephen Dupont pour son documentaire sur « Kaugere, a place where nobody enters »,
l’histoire d’un quartier pauvre de Port-Moresby qui retrouve un peu d’espoir grâce au rugby.
« Ce film nous a beaucoup secoués et donné à réfléchir. Trois jours après l’avoir regardé, on
y pensait encore, c’était très puissant. On a aimé aussi que le réalisateur travaille de façon
très proche avec la communauté qu’il filmait », a expliqué Briar Grace-Smith. Le réalisateur,
présent au FIFO, s’est dit « très heureux » de recevoir ce prix, d’obtenir la reconnaissance du
jury mais également du public dont il a entendu quelques réactions. « On parle d’une
communauté qui a énormément de difficultés, ils ont des problèmes d’emploi, des
problèmes sociaux, il y a beaucoup de crimes, de violence domestique… Tout ça influence
les enfants d’une manière très négative. Mais quelqu’un comme Albert Muri, ce coach de
rugby qui est un modèle clef, inspire ces enfants qui grandissent dans cette communauté et
ils peuvent sortir de ce tunnel, ne pas aller vers le crime mais trouver la lumière », a réagi
Stephen Dupont, réalisateur de Kaugere. Il a rendu hommage à la famille Muri qui lui a fait
confiance. « Je n’aurai jamais pu faire ce film sans leur collaboration, leur amitié, leur
soutien. Je voulais passer du temps avec eux et être une voix honnête de cette famille. Ils m’ont tout donné, permis de rentrer chez eux, dans leur monde. On doit savoir ce que ces
gens vivent au quotidien. » Deux prix spéciaux ont également été remis : le premier à Circle
of silence sur la révélation des responsabilités de l’Australie et de l’Indonésie dans le
meurtre de cinq journalistes au Timor en 1975 et le second à William Albert Robinson, la
dernière traversée, réalisé par Denis Pinson et Paul Manate, seul documentaire polynésien
en compétition.
Après une « semaine en apesanteur » comme l’a dit la ministre Vanina Crolas, chacun va
retrouver sa vie « normale ». Et déjà, on peut noter les dates du FIFO 2025 : du 31 janvier au
10 février.